Le Cercle a appris avec peine le décès de l’un de ses plus fidèles soutiens et adhérent de la première heure, André Bettencourt.
Nous gardons le souvenir vivace d’un homme d’une grande affabilité.
Il portait, sans affectation, une remarquable attention à son interlocuteur et était très fier de diriger la DATAR. J’adresse, au nom de nous tous, le message de sympathie du Cercle à son épouse et à sa famille.
Hervé Nora
Président du Cercle
André Bettencourt a été de 1969 à 1972, pendant toute la durée du gouvernement Chaban-Delmas, ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé du Plan et de l’Aménagement du Territoire. Il aura été ainsi, avec Olivier Guichard, le ministre qui a été le plus longtemps responsable de la DATAR. Il aura connu celle-ci dans sa phase la plus dynamique, pour ne pas dire la plus glorieuse. Les grands projets – Languedoc Roussillon, Fos, Antifer… conçus et lancés dans les années précédentes deviennent opérationnels. Avec l’industrialisation à marche forcée et l’ouverture aux investissements étrangers, prônées par le Président Pompidou, les constructions d’usines nouvelles se multiplient : les conversions des bassins miniers sont accélérées dans le Nord et en Lorraine, les premières unités de production de téléphone et d’électronique s’installent en Bretagne.
André Bettencourt est installé dans l’hôtel de la rue de Lille qu’avec discrétion il fait rénover sur ses deniers personnels. Avec son directeur de cabinet, Roger Ginocchio, il fait totale confiance à Jérôme Monod et à son équipe. Il laisse la DATAR poursuivre ses études prospectives qui jettent de temps en temps un peu de poil à gratter dans le tissu des relations interministérielles. Il suit de près les travaux du petit groupe qui esquisse les premières démarches de la politique de l’environnement. Et quand la DATAR lui propose les « soixante dix mesures de l’environnement », il demande qu’on en trouve cent, pour faciliter la communication sur ce sujet novateur.
Il sera heureux de présenter ces cents mesures en Conseil des Ministres. La relation entre la DATAR et son ministre de tutelle se déroulera ainsi dans un climat de totale sérénité, ce qui n’avait pas toujours été le cas précédemment.
Sur un plan personnel, j’ai établi au cours de cette période une relation forte avec André Bettencourt. Roger Ginocchio ayant été victime d’un sérieux accident de santé, il m’avait demandé d’assurer l’intérim de la direction de son cabinet. Pendant quatre mois, j’ai vécu ainsi dans une grande proximité de l’homme André Bettencourt, partageant ses pensées, ses satisfactions ou ses soucis. J’ai pu ainsi mesurer son enracinement local – le maire de Saint Maurice d’Etelan était toujours là , son attachement aux traditions, à de solides valeurs morales. J’ai pu aussi apprécier son extrême délicatesse et sa grande gentillesse, son sens de l’écoute des autres qui n’était pas feinte et sa recherche permanente des solutions satisfaisantes lorsque des points de vue différents s’opposaient.
André Bettencourt a bien voulu continuer à me témoigner son amitié par la suite. Avec sa grande curiosité, il a suivi toutes les étapes variées de mon parcours professionnel. Son accueil avec Madame Bettencourt dans le bel hôtel particulier de Neuilly était toujours chaleureux. A chaque fois, il évoquait avec émotion les « bons moments » du travail en commun à la DATAR. C’était pour lui un souvenir heureux.
François ESSIG